La sélection de l’échalote, pour des variétés résistantes aux maladies
15 juin 2021
Si l’échalote française jouit d’une telle renommée, c’est grâce au savoir-faire des producteurs, mais aussi grâce au formidable travail des sélectionneurs. Les premiers travaux ont mené à l’élimination des virus, des recherches plus récentes ont apporté la résistance au mildiou. D’autres améliorations sont en cours.
Sur la soixantaine de variétés d’échalote inscrites au Catalogue européen, une bonne partie d’entre elles sont d’origine française. Les travaux de sélection en France ont commencé au début des années 1970 à l’Inra. Les chercheurs ont d’abord procédé par sélection généalogique, en repérant les plantes les plus productives et indemnes de virus. Pour améliorer des populations intéressantes et se débarrasser des virus qui les contaminaient, ils ont dû utiliser la technique de régénération par culture de méristèmes (amas de cellules jeunes indifférenciées) in vitro. Un procédé sûr, mais qui demande de longues années ! Parallèlement aux travaux de sélection, la certification a été organisée en France, pour pouvoir garantir aux producteurs des semences homogènes, productives et en bon état sanitaire.
Rappelons qu’il existe deux familles d’échalote : la rose (ou de Jersey), avec ses trois formes (ronde, longue et demi-longue), et la grise. Ce sont les variétés longues Jermor et Longor, qui sont les plus cultivées. A elles deux, elles représentent plus de 70 % des plants vendus (tous marchés confondus, professionnel et amateur). Mais elles pourraient bientôt se faire détrôner par des variétés plus récentes, plus performantes. Les travaux de sélection visent notamment la résistance aux maladies, et sur ce plan les recherches progressent.
Les jardiniers amateurs ne s’y trompent pas. L’échalote traditionnelle Griselle, au goût original très fin, a longtemps été une des préférées, mais elle perd chaque année du terrain, en raison de sa sensibilité aux maladies. A l’inverse, Melkior (obtention de l’Inrae,de type demi-long), et Méloine (obtention OBS, de type rond), rencontrent de plus en plus de succès, auprès des jardiniers et auprès des producteurs. Rien d’étonnant car ces deux variétés ont la particularité d’être résistantes au mildiou, qui est l’ennemi numéro un de l’échalote. On citera également la seconde obtention récente d’OBS, Molène, que la coopérative bretonne réserve à ses producteurs sous la marque Prince de Bretagne. Molène a été inscrite au catalogue officiel en 2017, et grâce à sa haute résistance au mildiou, elle est plébiscitée par de nombreux maraîchers, en particulier ceux qui ont choisi de conduire leur exploitation en « bio ».
Il faut bien le reconnaître, le mildiou peut représenter un frein pour la production de l’échalote en France. Certaines années, quand les conditions climatiques sont humides, les dégâts causés par ce champignon sont graves. D’autant plus graves les premiers symptômes se déclarent en culture, en laissant un feuillage tout « cramé », mais ils compromettent également la conservation des bulbes. C’est vrai, il existe des produits de traitement efficaces, mais ceux-ci sont progressivement retirés du marché (dès l’an prochain, le mancozèbe sera interdit). La seule solution reste donc la lutte génétique. Pour introduire le « bon » caractère, les chercheurs sont allés chercher un gène de résistance dans une espèce apparentée, Allium roylei. Puis ils réalisent des rétrocroisements successifs, en prenant garde de conserver toutes les qualités agronomiques et gustatifs de l’espèce Allium cepa. Plusieurs variétés sont en cours de sélection. Des mariages seraient prévus notamment avec les variétés proches de Griselle, pour surtout ne pas oublier le bon goût inimitable de l’échalote.
Utiliser des plants certifiés, choisir des variétés résistantes au mildiou, voici les clés de la réussite de la culture d’échalote.