Fusariose : les recherches sont en cours
18 décembre 2020
Depuis quelques années, les producteurs d’ail en France subissent des pertes dues à la fusariose. Durant le stockage, les bulbes deviennent bruns, pourrissent et sont dès lors inutilisables comme semence ou pour la consommation. La particularité de cette maladie fongique, c’est qu’elle ne montre pas de signe précurseur au champ ce qui rend difficile sa prévision et son contrôle. Bien que présente dans de nombreux pays, on sait actuellement peu de choses sur les causes de cette maladie, si ce n’est que l’on a affaire avec un champignon du genre Fusarium. On ignore par exemple quelle est l’espèce responsable des symptômes, l’endroit où elle est localisée (dans le sol ? l’air ? les plantes en rotation ?…) et comment elle infecte l’ail.
Mobilisation de la filière et premières expérimentations.
Depuis 2015 la filière ail s’est mobilisée pour trouver des solutions. Pour mettre en place des expérimentations spécifiques et rémunérer stagiaires et CDD, une source de financement était indispensable. Les membres de Prosemail (l’association des producteurs français de plants certifiés d’ail et d’échalote) ont voté à l’unanimité un doublement des cotisations. L’interprofession des semences et plants a également accepté d’apporter une contribution : depuis 2018, une « contribution volontaire rendue obligatoire » (CVRO) d’un centime/kg, prélevée sur les ventes de plants certifiés, a été mise en place. De ce fait, chaque producteur qui achète des plants certifiés d’ail, contribue à l’ensemble des programmes d’expérimentation de Prosemail, notamment celui sur la fusariose.
Prosemail en partenariat avec la FNAMS ont mis en place des essais de traitement avec certaines matières actives ciblées pour la rouille mais ils n’ont pas eu d’effet sur la fusariose. Pour rappel il n’existe à l’heure actuelle aucune AMM contre la fusariose de l’ail. Des expérimentations ont permis de montrer que le stockage au froid retarde l’apparition des symptômes sur les caïeux. Cependant il ne traite pas la cause de la maladie. Afin de protéger efficacement et durablement l’ail de la fusariose il devenait nécessaire d’entreprendre des recherches plus fondamentales, en tirant des enseignements des premières expérimentations. Ainsi, la filière, avec en première ligne Prosemail, la coopérative Alinéa, ainsi que le syndicat de l’Ail Rose de Lautrec, ont décidé d’unir leurs forces et de faire appel aux chercheurs d’INRAE (anciennement INRA) et de construire ensemble un projet de thèse.
Dynamique de recherche sur la fusariose de l’ail
Cette thèse dont la direction scientifique est assurée par l’unité de Pathologie Végétale d’INRAE Avignon est financée par une bourse CIFRE et par Prosemail, Alinéa et le Syndicat de l’ail rose de Lautrec. Les objectifs sont de i)- déterminer l’identité du (ou des) Fusarium responsable(s) des symptômes de pourriture de l’ail en France, ii)- comprendre comment le champignon entre dans les tissus des caieux, et iii)- mettre au point une méthode de détection précoce du champignon. D’ores et déjà le travail du doctorant a permis de montrer la présence de Fusarium proliferatum sur l’ail français (1). La suite des résultats fera l’objet d’une future chronique.
Parallèlement à la thèse, deux autres projets sur la fusariose de l’ail, auxquels INRAE et Prosemail participent, sont en cours (financés par INRAE et le Casdar). Ces projets qui témoignent du dynamisme de la recherche sur le sujet associent également des stations d’expérimentations (notamment le CEFEL), des chambres d’agriculture, des instituts techniques (ACTA, CTIFL) mais aussi l’ACTA, le CNRS et le FiBL. Ces projets visent à comprendre les conditions engendrant l’apparition des symptômes de pourriture de l’ail et à identifier les leviers permettant de limiter les épidémies. La recherche bien faite prend du temps et, au fur et à mesure de leur validation, les résultats de ces projets devraient grandement nous éclairer sur la fusariose de l’ail et ouvrir des pistes vers la mise au point de méthode de protection de l’ail.
(1) La publication est accessible à cette adresse : https://apsjournals.apsnet.org/doi/full/10.1094/PDIS-06-18-0962-PDN
Légende photo (crédit INRAE)
Les dégâts apparaissent durant le stockage. Quel est le champignon responsable des symptômes et comment infecte-il l’ail ?