Évaluer, détecter, protéger : des pistes à explorer pour lutter contre la fusariose de l’ail
11 juillet 2022
Les années à venir vont être intenses en matière de recherche sur la fusariose de l’ail avec trois projets en cours : GARLIC (Financement CASDAR + labellisation PIClég, 2022-2025, https://www.picleg.fr/Projets/Les-projets-en-cours/GARLIC) ; GOUSSE (SFR TERSYS, 2022-2023) ; BEYOND (ANR, 2021-2025 https://www6.inrae.fr/beyond/). Ces projets sont coordonnés par l’unité de Pathologie Végétale (INRAE Avignon) avec l’implication directe ou indirecte de PROSEMAIL. Ils intègrent également les unités de recherche SQPOV (INRAE, Avignon), Qualisud (Université d’Avignon), Agroécologie (INRAE Dijon) et la plateforme de microscopie 3A d’Avignon. Dans les 3 projets, plusieurs axes sont explorés afin de faire avancer les connaissances sur la fusariose et de trouver des solutions pour protéger les cultures d’ail.
Evaluer la sensibilité des variétés
La mise au point de méthodes de protection de l’ail passe d’abord par une évaluation de la sensibilité à la fusariose des variétés d’ail cultivées en France. En effet, à ce jour il n’existe pas de classement des variétés d’ail inscrites au catalogue officiel français selon leur sensibilité à Fusarium proliferatum (Fp) et F. oxysporum (Fox). La connaissance du comportement des variétés vis-à-vis de la fusariose pourrait aider les agriculteurs à orienter leurs choix et à faire progresser la sélection variétale. Il s’agira d’un processus long car, à ce jour, les critères de résistance et de tolérance aux maladies ne sont pas pris en compte dans la procédure d’inscription variétale. Le protocole d’inoculation in vitro des gousses et de notation de symptômes récemment mis au point (Chrétien et al., 2021) est en cours d’optimisation. L’objectif à terme est d’établir un classement des variétés selon leur sensibilité à la fusariose en conditions contrôlées.
Détecter pour mieux protéger
Une des difficultés majeures dans l’étude et la compréhension de la fusariose de l’ail c’est que les symptômes n’apparaissent qu’en cours de stockage. Actuellement, on ne sait pas ce qu’il se passe en cours de culture. De plus on sait que Fp et Fox peuvent se trouver dans les tissus de gousses ne présentant aucun symptôme. Ainsi un des objectifs importants des projets est la mise au point de méthodes de détection de ces champignons dans les gousses d’ail et dans les réservoirs potentiels d’inoculum (sol, eau d’irrigation, pluie, air…). Trois méthodes sont explorées : deux par amplification spécifique et sensible de l’ADN de Fp et Fox (LAMP et PCR digitale) et une par spectroscopie proche et moyen infrarouge.
Dans les mois à venir, la détection de Fp et Fox dans les gousses d’ail par odorat d’un chien dressé sera testée. Cette méthode a fait ses preuves pour des composés divers et variés et est actuellement développée par INRAE de Montpellier sur des ravageurs et des agents pathogènes de plantes.
Tester des méthodes de protection alternatives aux produits chimiques.
Ces méthodes devront permettre d’une part d’éliminer Fp et Fox dans les tissus des gousses d’ail, et d’autre part d’éviter la pénétration de Fp et Fox dans les gousses saines. Elles devront également permettre de maintenir une bonne faculté germinative des caïeux. Trois méthodes seront testées : le traitement aux rayonnements UV-C qui permet de réduire les contaminations microbiennes des végétaux et stimule les systèmes de défense des plantes ; la thermothérapie qui permet une réduction du développement des champignons et un maintien de la qualité des bulbes chez l’ail ; l’utilisation d’agents de biocontrôle en enrobage dont certains sont connus pour leur efficacité protectrice contre des champignons phytopathogènes du genre Fusarium.
L’avancée des projets et les résultats marquants seront communiqués régulièrement, notamment en assemblée générale de PROSEMAIL.
Auteures : Christel Leyronas & Hélène Hunyadi